L’émancipation de la Catalogne


La mondialisation constitue un autre facteur en faveur de l’émancipation internationale de la Catalogne. L’Espagne agit comme n’importe quel autre État centralisé devant la nécessité de déterminer les politiques en matière de traités internationaux. Le gouvernement de Madrid détermine seul les positions espagnoles face à l’Union européenne. Il lui arrive parfois de recourir à des mécanismes de consultation plus ou moins formels et souvent ad hoc auprès des communautés autonomes. Les décisions du gouvernement espagnol sur ce plan sont de nature à bouleverser les nombreuses compétences, partagées ou concurrentes, de l’administration centrale et des administrations des communautés autonomes. Les nationalistes catalans, aidés en cela par les nationalistes basques, et dans une moindre mesure par d’autres communautés autonomes, dénonceront ces transferts de souveraineté vers l’Europe qui privent les régions d’une partie de leurs compétences. Dans certains cas, ce transfert renforce même le pouvoir du gouvernement central vis-à-vis des régions. Il en est ainsi par exemple du Fonds de cohésion créé par le traité de Maastricht et dont l’objectif est de financer des infrastructures et des politiques en matière d’environnement. Le traité, qui commande un transfert de souveraineté à l’État espagnol, a accordé à Madrid plus de pouvoirs que Barcelone sur le choix d’une politique à implanter en Catalogne à l’intérieur de ses champs de compétence. Le contexte européen favorise aussi sous une autre forme le développement d’une paradiplomatie subnationale. Avec le processus d’intégration européenne, les régions voient leur rôle prendre de l’ampleur et sont appelées à devenir des joueurs de plus en plus importants sur la scène communautaire. Les régions d’Europe, plus proches de leurs citoyens, sont sollicitées afin d’assumer de nouvelles responsabilités. La réalité régionale sur le plan de l’Union européenne ouvre la voie à l’élaboration d’une paradiplomatie des régions vers l’Union européenne. On note aujourd’hui que les régions européennes, enfin celles qui en ont la capacité, agissent comme des groupes de pression au sein des institutions européennes. 11 arrive également aux régions plus dynamiques de faire coalition et de formuler des positions communes sur l’Europe. La Catalogne est très active dans les organisations interrégionales, que ce soit l’Assemblée des régions d’Europe ou le Comité des régions. Jordi Pujol dirigera par exemple à partir de 1992 l’Assemblée des régions d’Europe (ARE). Lors des préparations de la conférence intergouvemementale de 1996-1997, la Generalitat revendiquera le renforcement du rôle du Comité des régions. Les Catalans souhaitent que cette institution ait le droit de porter plainte auprès de la cour de justice lorsque le principe de subsidiarité n’est pas respecté par les États ou par les instances de l’Union. Les Catalans demanderont également la séparation des municipalités du Comité le transformant ainsi en un club exclusif pour les régions. Les Catalans sont également très actifs au Parlement européen où ils ont réussi à piloter une résolution qui, quoique sa portée ne soit que symbolique, reconnaît le Catalan comme langue communautaire. Source: séminaire Espagne.


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