Et si l’Allemagne sortait de l’euro ?


L’Allemagne qui quitterait avec pertes et fracas la zone euro : c’est la dernière rumeur qui court sur les marchés financiers. Car les dernières statistiques sont accablantes… C’est la dernière rumeur qui court sur les marchés financiers. Certains y voient la seule manière de surmonter les tensions qui se développent au sein de la communauté européenne, car la supériorité écrasante de l’Allemagne accroît les divergences entre les Etats membres, en rendant la situation de plus en plus intenable. Les dernières statistiques publiées cette semaine sont accablantes, témoignant de divergences sans cesse accrues de part et l’autre du Rhin. Ainsi en 2016, l’Allemagne a-t-elle enregistré un excédent budgétaire de 24 milliards d’euros, un record depuis la réunification du pays, alors que la France faisait état d’un déficit de 69 milliards. Une situation d’autant plus alarmante, que l’écart a toutes chances de continuer à se creuser au premier trimestre. Car les incantations de Bruxelles pour inciter Angela Merkel à relancer la consommation et l’investissement outre-Rhin ont peu de chances d’aboutir. La chancelière est à la tête d’une nation dont la population vieillissante ne voit pas d’avantage à modifier ses comportements. De leur côté, les milieux financiers internationaux s’inquiètent de l’issue de l’élection présidentielle en France. Ils conseillent ouvertement à leurs clients de privilégier les placements outre-Rhin à ceux de l’hexagone. Le Dax de Francfort marque des points par rapport au Cac 40, depuis le début de l’année, tandis que l’écart de taux d’intérêt se creuse entre les deux voisins. Nul ne conteste que la situation se dégrade sur le plan monétaire et pourrait devenir intenable en fonction des résultats des urnes en mai prochain. Car l’Europe ne dispose pas de la soupape dont elle profitait jadis lorsqu’elle avait entrepris la marche vers l’union monétaire, parce que les Etats membres avaient gardé leur devise nationale, qui permettait d’opérer des ajustements, par des modifications de parités qui restaient possibles. Aujourd’hui, l’euro cadenasse la liberté de manœuvre, alors qu’il est manifestement sous-évalué pour l’Allemagne et surévalué pour la France et la plupart de ses partenaires européens. Au demeurant, Donald Trump ne cesse de tonner sur la valeur présente de l’euro, en affirmant que l’Allemagne tire un avantage en faisant travailler des pays de l’est à des conditions de rémunération anormales. Une sortie de l’Allemagne de l’euro serait moins dommageable qu’un départ de la France, selon les partisans de cette thèse, en raison de sa position dominante. Ce schéma reste pourtant théorique, car il signifierait la fin de l’union monétaire et nul ne peut prévoir l’ampleur des dégâts qui en résulterait pour le Vieux continent, voué à l’émiettement et à une perte de son influence, au moment où les plus grands de la planète, la Chine, l’Inde et les Etats-Unis développent leur puissance. En définitive, une sortie de l’Allemagne de l’euro apparait comme une chimère, un vœu émis par certains universitaires, mais dont les conséquences seraient catastrophiques. La seule solution réside en fait dans l’effort que les pays à la traîne comme la France sont prêts à consentir. En laissant de côté les programmes irréalistes de certains candidats qui vendent du rêve et de la chimère, qui veulent continuer sur la voie de la facilité qui débouche sur une faillite déjà virtuelle. Mais leur influence est suffisamment grande dans l’opinion pour que les candidats les plus sérieux aient déjà adouci la potion qu’ils voulaient infliger, afin d’améliorer leurs chances de succès. Autant de signes qui présagent que la voie du redressement sera longue et semée d’embûches, sans susciter l’enthousiasme qui serait le meilleur atout pour assurer le succès.