Varoufakis


Si le oui gagne, je démissionnerai, avait promis le bouillant ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Le non l’a emporté. Il a été démissionné. Quelle histoire ! Dimanche soir, grillant la politesse au premier ministre, Alexis Tsipras, qui n’a pas apprécié, on l’a vu devant les micros et caméras. Se montrant tel que lui-même : crâne rasé, un faux air de Bruce Willis, tee-shirt moulant pour souligner ses pectoraux, l’air cool et assuré de qui n’est pas pour rien dans ce triomphe. Au petit matin, preuve qu’il est un politique, Tsipras a sacrifié son fou. Il venait de promettre aux Grecs de ramener un accord dans les quarante-huit heures. Un scénario injouable avec Varoufakis. Ça ne pouvait plus durer. Lorsqu’il l’avait nommé, sa mission était claire : plaider pour une rupture radicale avec la politique d’austérité menée depuis cinq ans en Europe. En cinq mois de négociations, le ministre aura réussi à se mettre tout le monde à dos à Bruxelles. Avec ses chemises sans cravate sortant du pantalon, il a choqué. Avec sa façon de tweeter lorsque ses pairs s’expriment, il a déplu. Avec ses formules chocs, il a irrité : « Accepter un accord sans renégociation de la dette, autant me couper un bras. » Ses relations avec les Allemands sont exécrables. Une vidéo le montrant faisant un doigt d’honneur a fait le tour du monde. Avec son homologue Schäuble, c’est la guerre : « De mon point de vue, nous ne sommes même pas tombés d’accord sur le fait de ne pas être d’accord », a-t-il ironisé à l’issue d’une réunion. Mais à l’hebdomadaire Stern, il a déclaré : « Schäuble est probablement le seul politique européen avec de la substance intellectuelle. » Ce qui a eu le don d’agacer les autres membres de l’Eurogroupe. Qui se plaignent : « Il nous fait la leçon, nous parle comme un universitaire. Alors que c’est Athènes qui a besoin de nous et pas le contraire. » En clair, cet économiste de 54 ans, marxiste irrégulier, comme il se définit, cosmopolite, très populaire à Athènes, a fait l’unanimité contre lui. La veille du scrutin, Yanis Varoufakis a tapé encore plus fort, en accusant les créanciers de la Grèce d’être des terroristes. « Le terme est très mal passé », a déploré Michel Sapin, qui salue pourtant « un homme très entier qui a beaucoup de fougue et de foi ». Mais qui est insupportable. En Grèce, on admire sa combativité : « Il a replacé le pays sur le devant de la scène internationale. Il a fait le show et crevé l’écran. » Sans doute, mais pour quel résultat ? Néant ! Son successeur, Euclide Tsakalotos, est l’homme qui a pensé la stratégie économique de Syriza. C’est dire que, sur le fond, les convictions sont similaires. Ce qui va changer, c’est le style. Plus question de malmener les interlocuteurs. Mais de là à les convaincre… Le référendum complique singulièrement les choses.